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L’Algérie, malgré tout
par Yazid Bekka

« Le jour où le châtiment les enveloppera d’en haut et sous leurs pieds,
Il [leur] dira: Goûtez à ce que vous faisiez ! »
(Le Coran, verset 55, chapitre Al’Ankabut – l’Araignée)

Petite kabylie

Sahara

Plus de quarante ans d’indépendance, et toujours pas d’horizons meilleurs.
Pourquoi donc ? Parce qu’on a toujours besoin de diviser pour mieux régner. Simpliste comme réponse à une interrogation qui taraude tout un peuple depuis, non pas ces douze dernières années, mais depuis quarante ans. Ca reste vrai dans les deux cas. Excepté que cette guerre civile qui sévit en Algérie, a fait bien plus de morts en peu de temps : 200 000 et quelque 7000 disparus. Aujourd’hui, l’Algérie relève la tête. La dernière élection présidentielle a été cocasse. Abdelaziz Bouteflika rempile, élu à une majorité des voix élastiques, en l’espace de deux jours. Mais élu pour toujours, faute de mieux. En attendant, on peut râler, s’interroger sur le sens à donner à cette réelection, sur le pari fait par le «nouveau » président sur l’avenir de son pays… il n’en reste pas moins que l’économie se redresse (il n’y a jamais eu autant de business, de trabendo, et de containers sur le port, que ces dernières années) et les Algériens espèrent à nouveau. Aspirent à des jours meilleurs. Faut-il encore qu’ils aient le temps d’y goûter avant de grossir le nombre de tués par accident de la route. L’autre fléau de l’Algérie. L’Italie, à côté des tueurs algériens déglingués du volant, fait figure de madone.
D’Alger à Béjaïa en passant par Oran, Djanet … la survie continue, les yeux des mères pleurent enfants ou maris disparus, les jeunes de Kabylie et d’ailleurs entretiennent leur révolte, la clochardisation qui touchait hier les hommes, «gagne» aussi les femmes (et leurs enfants), répudiées ou frappées par le terrorisme, et livrées à elles-mêmes dans les rues d’Alger. Par ailleurs, la vie continue. Les jeunes (garçons et filles) urbains, s’habillent dernier cri, sortent, dansent en boîte, vont à la plage, étudient fument, boivent pour certains,, ont tous leur mobile (quand on ne leur fauche, à l’arraché, en pleine rue). Oui l’Algérie bouge et va mieux sans terrorisme à toute heure… et malgré tout.
Nous ne prétendons pas au gré des images présentées donner des réponses, mais seulement montrer une culture d’un pays qui se transforme au gré du temps, et qui paradoxalement veut conserver ses traditions. Deux reportages et devoir de mémoire. En Kabylie, ou l’architecture comme les gens ont suivi l’évolution du temps ; dans le grand Sud, ou les touaregs essaient, malgré de longues années de disettes sans tourisme, de vivre et conserver leur culture… malgré tout.
Faisons le rêve, comme aimait à le dire un grand monsieur de la cause noire, Martin Luther King, faisons le rêve de « transformer la cacophonie de notre nation discordante en une merveilleuse symphonie de fraternité ».… et plus jamais sous le joug du terrorisme. Inch’Allah.

© Yazid Bekka

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